En pleine saison sèche, la ville de Bukavu risque de faire face à une grave pénurie d’eau potable. En cause : la dégradation alarmante de la situation de la Régideso, consécutive à ce que plusieurs voix qualifient de mauvaise gouvernance imposée par le mouvement terroriste armé AFC/M23, actuellement en position de force dans la zone sous occupation.
Selon les informations recueillies par notre rédaction, cela fait plus de cinq mois que les agents de la Régideso ne perçoivent plus leur salaire. Pire encore, l’entreprise publique n’a plus de chaux depuis plus de deux semaines. Ce produit pourtant indispensable pour le traitement de l’eau.
Dans ces conditions, la fourniture d’eau potable à la population devient incertaine, avec des conséquences sanitaires potentiellement désastreuses.
Nos sources indiquent qu’une grande partie des recettes issues de la facturation des abonnés de la Régideso est actuellement détournée.
«Plus de la moitié des montants perçus sont directement prélevés et dirigés vers la caisse de l’AFC/M23», déplore un cadre syndical sous anonymat.
Ce détournement handicape l’entreprise des moyens nécessaires pour assurer ses missions régaliennes.
Les conséquences sont déjà visibles : les agents malades ne peuvent plus se faire soigner, les créances hospitalières s’accumulent, et les équipes de maintenance manquent de matériel pour intervenir en cas de fuite ou de panne.
« En cette saison sèche, le risque de propagation de maladies hydriques comme le choléra est plus élevé que jamais, d’autant que certains stocks de produits chimiques pourraient être épuisés d’ici dix jours » renseigne la source.
Face à cette situation critique, des organisations de la société civile n’écartent pas l’option d’un appel citoyen au boycott des paiements. « Si l’AFC/M23 continue à ponctionner les ressources de la Régideso, nous demanderons à la population de suspendre le paiement de leurs factures. On ne peut pas exiger le paiement d’un service inexistant », prévient un porte-parole d’un mouvement local.
Appel à la responsabilité et au respect des institutions
Les signataires de cette alerte lancent un appel pressant à l’AFC/M23, qui se proclame « libérateur », afin qu’il cesse toute ingérence financière dans la gestion des entreprises publiques. Ils insistent sur la nécessité de laisser les institutions étatiques fonctionner de manière autonome, avec des mécanismes de contrôle et d’audit appropriés pour éviter également des dérives internes.
« Le peuple a besoin d’eau, pas de discours. Si rien n’est fait, la situation humanitaire pourrait rapidement devenir incontrôlable », conclut la déclaration.
JOHN SHINDANO









