La montée du tribalisme dans notre société constitue un danger important à la nation, particulièrement du point de vue sécuritaire avec impact sur l’intégrité territoriale et l’économie de la République.
Le congolais en sort perdant sans exception, même si par malhonnêteté intellectuelle il pense voiler sa face en exploitant ce sentiment haineux contre son semblable d’une autre tribu en présentant des arguments apparemment intelligibles.
La réalité douloureuse trahie par une opposition farouche à tout ce qui provient de l’autre sans exception expose cette réalité malheureuse. Cette gangrène qui a envahi tous nos partis politiques, n’épargne pas nos institutions de la science et du savoir, en occurrence des écoles et universités, encore moins nos églises et autres types de mouvements associatifs.
S’il est vrai que ce fléau est répandu et connu, la déception est de constater le manque criant d’une attaque déterminée au fléau qui met en péril la nation.
L’agression rwandaise qui expose de façon claire le danger qui nous guette, ne semble pas suffisamment rude pour réveiller notre conscience malgré les pertes et l’humiliation qui l’accompagnent.
Sur le plan politique, dont la responsabilité de la bonne gouvernance incombe à tout le monde, dirigeants, opposants, société civile, y compris et particulièrement l’église, la population en générale, la négligence exprimée dans la réaction face au danger est débilitante. Il suffit de suivre n’importe quel débat sur n’importe quelle plate-forme, n’importe quel jour, pour en sortir avec ces gifles décevantes qui malheureusement semblent nous abrutir collectivement au lieu de secouer notre conscience collective à un réveil patriotique.
Au-delà de la menace ouverte sur l’intégrité du territoire national et la souveraineté de l’État, l’économie nationale reste prédominée par les étrangers avec les 3/4 de notre population condamnés dans pauvreté extrême (moins de Américains $2/jour.) pendant que nous restons dans cette distraction. Qui possède les mines du Katanga, qui en tire le plus grand bénéfice?
Pour exercice rapide de circonstance, repartir USD 11 milliards qui constituent notre budget national par 100 millions de congolais, nous donne USD110 par personne par an. Avec ce montant, nous devons palier à nos besoins sociaux et d’investissement. C’est à dire le manger, les soins de santé, la santé publique dont la gestion de l’environnement, de l’enseignement de base à l’université, l’investissement dans l’infrastructure (transport, énergie, eau potable, communication, etc.)
Malgré ce défi colossale, nous nous tapons le luxe de négligence face au tribalisme alors que nous avons besoin d’une mobilisation colossale des congolais au-delà de nos affiliations et clivages – Philosophie léopards, face au danger qui guette l’existence même de la nation.
La philosophie léopards interpelle notre conscience pour un changement de paradigme. À l’instar de la mobilisation nationale derrière les couleurs de notre drapeau 🇨🇩 lorsque nos fauves affrontent une autre nation sur un terrain sportif, cas de figure de la tentative de qualification des léopards à la coupe du monde du football contre le Maroc, le Congo a besoin d’une forte mobilisation nationale au-delà des différentes affiliations et clivages sur des questions d’intérêt commun, notamment la lutte contre le cancer du tribalisme.
Une façon de réaliser cet objectif au niveau politique consisterait à la révision de la Loi des partis politiques, après études appropriées, afin que tout parti politique à caractère national, c’est à dire avec intentions de présenter des candidats aux postes électifs nationaux, devraient avoir une représentativité nationale conséquente à déterminer après études. C’est-à-dire, pour présenter un candidat président de la République, le parti politique devrait être un parti national, pas provincial, avec une représentativité avérée dans un minimum de 15 provinces (par exemple). Ceci facilitera la cohésion nationale sur le plan politique où les citoyens seront tenus à collaborer pour des intérêts nationaux.
Le même principe devrait être répliqué au niveau provincial pour décourager les divisions à ce niveau. Seul le niveau local peut rester libre de cette obligation de représentativité.
Luc Kabunangu, cadre de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social et auditeur professionnel