Des femmes déplacées de guerre victimes des violences sexuelles dans le camp de Bushagara sont prises en charge. Une prise en charge assurée par la zone de santé de Nyiragongo, dans ce camp de Bushagara situé en groupement de Munigi territoire de nyiragongo et qui accueille à son sein plus de 5.856 ménages.
Le Médecin Chef de Zone de Nyiragongo Thierry Turano , rassure que des soins médicaux gratuits sont disponibles pour les victimes dans cette zone de santé. Il encourage les femmes victimes de violences sexuelles à se rendre sans tarder dans une structure sanitaire pour recevoir les soins appropriés. Cette disponibilité de soins est cruciale pour assurer une prise en charge rapide et efficace des victimes, limitant ainsi les risques de complications. Il l’a dit dans ces explications.
« Dans la zone de santé de Nyiragongo , la prise en charge sanitaire des victimes de violences sexuelles est assurée. C’est une prise en charge gratuite de tous les cas de VBG . Nous demandons juste à tous les membres de la communauté de nous consulter avant pour éviter toute complication qui peut suivre. Je demande à toutes ces victimes de venir à temps pour bénéficier d’ une prise en charge médicale » a-t-il indiqué.
Les femmes bénéficiaires de la prise en charge au sein de la zone de santé de Nyiragongo, des survivantes témoignent de la prise en charge reçues après avoir été violées. Tupendane(nom d’emprunt ), une des victimes en a témoigné.
“J’étais dans la forêt à la recherche de quoi manger pour mes enfants. Tout à coup, j’ai croisé des bandits qui m’ont violée. Je me suis rendu au centre de santé grâce aux orientations d’une fille que j’ai rencontrée en cours de route et à qui j’ai raconté le problème qui m’est arrivé. Une fois au centre de santé les médecins m’ont bien soigné et aujourd’hui je me sens bien”.
Le cas de Boratwende(nom d’emprunt ) n’est pas isolé. Elle explique aussi sa situation et comment elle a bénéficié des soins de santé après avoir été violée par des inconnus.
« Dans notre camp de déplacés de Bushagara nous bénéficions d’une assistance humanitaire après 6 mois. Alors en cas de famine, nous nous rendons dans des forêts pour la survie de nos familles , les bandits nous violent. Les animateurs de l’assistance psychosociale APS nous orientent vers les structures sanitaires où nous sommes soignées. Dans ce centre de santé, les infirmiers nous accueillent bien et nous donnent un rendez-vous de 3 mois pour le suivi de notre santé ».
Mardi Mutumuzuri (nom d’emprunt ) , pour sa part décrit sa situation et la qualité de la prise en charge médicale dont elle a bénéficié dans le délai prescrit.
« Nous étions trois femmes, nous nous dirigeons dans la forêt de kalake pour transporter les bois de chauffe , de la braise et des pommes de terre. Les hommes inconnus nous ont tous violées. Quand nous sommes rentrées, le même jour , les sensibilisateurs nous ont demandé d’aller au centre de santé sans dépasser 72 heures. Je suis parti à l’hôpital de kanyaruchinya où j’ai été soigné et des rendez-vous que j’ai respecté. Et aujourd’hui , je suis guérie grâce à ces médicaments »précise-t-elle.
*De la fréquence des cas de viols à l’égard des déplacées de guerre?*
Madame Maombi Noela, vice-présidente des déplacés, fait état de la gravité de la situation en indiquant que 3 à 4 cas de violences sexuelles sont enregistrés chaque semaine. Elle encourage les femmes déplacées à dénoncer tout acte de violence sexuelle et les exhorte à éviter les lieux à risque. Sa position souligne l’importance de la vigilance et de la solidarité entre les femmes pour prévenir de nouveaux cas de violence.
“ Les femmes sont souvent violées par des hommes inconnus dans leur bâches pendant la nuit ou soit dans la forêt à la recherche des bois. Quand nous enregistrons ces cas, dans un premier temps nous les amenons au centre de santé pour les soins pour prévenir les grossesses et les IST, et après nous poursuivons avec le traitement psychosocial. Ce que nous faisons urgemment c’est sauver la victime en l’amenant aux soins. Nous demandons aux femmes de ne pas s’exposer. Il faut souvent aller en groupe de 10 femmes pour éviter qu’on soit violé. Aussi nous n’avons pas d’ AGR dans les camps, nous demandons aux partenaires d’appuyer les femmes avec quelques occupations pour leur survie, cela pour éviter les cas de violences”a-t-elle précisé.
Pour Samson Rukira rapporteur général de la société civile forces vives de Rutshuru, le gouvernement doit prendre des mesures pour la protection de la femme en cette période de la guerre.
» La question des viols contre les femmes déplacées nous inquiète beaucoup. C’est du jour au jour que nous enregistrons des cas et cela interpelle les autorités non seulement à la prise en charge médicale mais il faut qu’il y ait des mécanismes pour la protection dans tous les sens de la femme déplacée dans les sites de déplacés en tenant compte du contexte des déplacés et les besoins vitaux dans les camps qui laissent à ce que la femme soit beaucoup plus exposée à des viols.
« Les autorités doivent prendre des décisions idoines pour que cette situation soit éradiquée. Mais aussi, il faut une grande sensibilisation et mobilisation des wazalendo qui sont issus d’une coordination des FARDC , qu’ils sachent que les viols sont parmi les crimes qu’il faut éviter quand ils sont dans les opérations et doivent respecter le droit international humanitaire par rapport aux viols qui se perpétuent dans les forêts au côté de leurs positions »insiste-t-il.
*Et après la prise en charge médicale?*
Madame Muhawe Consolate, l’une des sensibilisateurs œuvrant pour la prise en charge psychosociale des femmes déplacées, estime que la réinsertion socio-économique de ces victimes pourrait être une solution palliative efficace à cette problématique. Elle insiste sur le fait que l’autonomisation de ces femmes, à travers des activités économiques, pourrait contribuer à leur réhabilitation et à leur intégration sociale.
« Après avoir été violées , les survivantes sont souvent traumatisées dans leurs ménages. Pour éviter cela, nous les mettons ensemble dans un espace pour une prise en charge psychosociale à travers des petites activités. Nous les sensibilisons à respecter le rendez-vous des psychologues. Après la prise en charge médicale, elles sont aussi traitées psychologiquement sauf qu’elles sont butées à un problème de manque de partenaires pour leur encadrement. La réinsertion sociale en les appuyant avec les activités génératrices de revenus serait une bonne prise en charge pour ne plus rentrer dans les forêts afin qu’elles ne soient pas encore victimes de violences sexuelles à la recherche de quoi manger ou de bois de chauffe.
Des survivantes rencontrées plaident également pour une prise en charge psychosociale.
« Elles soulignent l’importance des activités génératrices de revenus pour les aider à retrouver une certaine autonomie et à surmonter les traumatismes subis mais aussi, pour éviter de se rendre dans des endroits où elles sont souvent violées »indique-t-elle.
Contacté à ce sujet Maître Johnson Ishara,un défenseur des droits humains, précise : »En cas de viols , toute victime doit dénoncer auprès d’une autorité quelconque. Et toute personne saisie d’un cas de viol doit effectivement orienter le cas ou la victime devant l’opj et instances judiciaires pour que l’action publique soit mise en mouvement s’il ya des femmes déplacées violées. Ces victimes doivent dénoncer et porter plainte contre les auteurs pour que le parquet, l’auditaire avec le concours des opj infligent des sanctions contre les auteurs. Les violeurs doivent être punis conformément à la loi et payer les dommages et intérêts à la victime et à la partie civile »a-t-il précisé.
Il est important de rappeler que le camp de déplacés de Bushagara dispose d’une structure sanitaire fonctionnant 24h sur 24. Cette présence continue d’une équipe médicale qualifiée est essentielle pour répondre aux besoins urgents des femmes déplacées et assurer un suivi adéquat.
Justin Panzu depuis Goma