L’Université de Kinshasa a vibré, ce samedi 15 novembre 2025, au rythme d’une projection-debat d’une rare intensité autour du film documentaire RDC : les mines du sang.
Devant un public majoritairement composé d’étudiants, trois intervenants — Freddy Mulumba, Samy qAdubango et Carlos Kalonji — ont décortiqué les enjeux d’un documentaire qui met à nu les violences, les massacres et les crimes de masse perpétrés depuis des décennies en République démocratique du Congo.
Un film qui brise un long silence
Œuvre coup-de-poing, RDC : Silence, on tue plonge au cœur d’un drame humain trop souvent occulté. Le documentaire donne voix aux survivants, aux familles frappées par les guerres récurrentes, aux journalistes, aux experts et aux acteurs de la société civile.
Il dévoile, sans détour, les mécanismes qui alimentent l’instabilité : groupes armés, exploitation illégale des ressources, complicités locales et étrangères, silence de certaines institutions et inerties internationales.
Plus qu’un simple témoignage, le film se présente comme un cri d’alerte, un devoir de mémoire et un plaidoyer pour la justice, la vérité et la fin de l’impunité.
Freddy Mulumba : « Ce que vit Kinshasa n’a rien à voir avec la réalité des provinces »
Intervenant en premier, Freddy Mulumba a rappelé l’écart abyssal entre le quotidien dans la capitale et les souffrances persistantes dans les provinces meurtries par la guerre :
« Les réalités de Kinshasa ne sont pas celles que vivent nos compatriotes en Ituri, au Nord-Kivu ou au Katanga », a-t-il insisté.
Il a dénoncé la mainmise étrangère sur les mines congolaises, du Katanga à l’Ituri, avant de pointer du doigt des voisins clairement identifiés : le Rwanda et l’Ouganda, accusés de vouloir s’accaparer des richesses nationales. Face à cette menace, il a appelé la jeunesse à la vigilance : « L’avenir du pays vous appartient. Gardez les yeux ouverts. »
Samy Adubango : un appel à la cohésion nationale
Prenant la parole à son tour, Samy Adubango a mis en évidence le lien direct entre les minerais de l’Est et les convoitises qui attisent les violences :
« L’Est est rempli de minerais qui excitent l’envie de nos prédateurs », a-t-il martelé.
Pour lui, la jeunesse reste la première cible des manipulations, surtout lorsqu’elle perd l’amour de la patrie. Il a soutenu que le chef de l’État a pris les devants dans la lutte contre les agresseurs, mais que la classe politique demeure divisée entre ceux qui défendent le pays et ceux qui « font le jeu de l’ennemi ».
Il a évoqué le cas dramatique de l’Ituri où, selon lui, « l’ennemi distribue des armes et pousse les communautés à s’entretuer ». D’où son plaidoyer pour une solidarité nationale réelle et une cohésion urgente.
Carlos Kalonji : « Ce documentaire est un message direct à la jeunesse »
Pour Carlos Kalonji, le film n’est pas seulement un récit, mais un avertissement :
« Ce qui arrive à l’Est peut arriver partout ailleurs. Ce documentaire est pour vous, jeunes Congolais. »
Il a rappelé que le Congo est l’unique terre des Congolais et a exhorté la jeunesse à dépasser les erreurs des générations précédentes :
« Nous n’avons pas d’autre pays que le Congo. Faites mieux que vos parents. Ne vous laissez pas corrompre. »
Une projection qui réveille un devoir de responsabilité
La rencontre de l’UNIKIN n’a pas simplement présenté un film ; elle a ravivé un débat crucial : que faire, en tant que jeunesse, face à l’histoire tragique et aux menaces persistantes qui pèsent sur la RDC ?
Entre témoignages, analyses géopolitiques et appels vibrants au patriotisme, la séance a laissé un message unanime : la prise de conscience de la jeunesse est une condition essentielle pour briser le cycle des violences et bâtir un Congo souverain et en paix.









